PREMIER VITRAIL DE SAINT-RIGOMER-DES-BOIS
D'APRÈS UNE OEUVRE DE GASTON FLOQUET

 

La genèse

 

L'idée de faire un vitrail a peut-être germé concrètement dans l'esprit de Gaston Floquet à la suite d'une conférence de Stéphane Arrondeau à Alençon, qui réveillait en lui une vieille envie. Francis Berthault, organisateur d'une exposition Floquet à la Laverie et à la chapelle Saint-Liphar à La Ferté-Bernard en 2000, les contacta l'un et l'autre. Mais il avait en vue une église des environs de la Ferté-Bernard, et Floquet ne voulait entendre parler que de celle de son village, dont il avait fait des relevés et observé l'orientation, ébauchant même des tâtonnements en papier transparent. L'artiste vieillit puis mourut et le projet s'endormit. Voilà cependant qui ancre et légitime profondément la réalisation actuelle.

 

 
Pignon nord, côté place du village
intérieur de l'église
fenêtre sud

 

Le parcours du combattant

 

L'exécution du vitrail, longtemps différée, a dû surmonter bien des obstacles. Le conseil général de la Sarthe, en la personne de Karine Bergeot, a permis de démarrer le travail en assurant en partie le financement. L'annonce nous en est parvenue en juin 2007. La première difficulté de fond était liée au fait que l'artiste n'est plus là. L'association, qui en est en quelque sorte l'héritière artistique, devait faire le choix d'une oeuvre qui serve de support au projet.


Ce fut un petit collage sur papier, représentative de l'artiste, signifiante, belle, mais inhabituelle, qu'il fallait interpréter en verre, à la fois fidèlement à Floquet et selon la spécificité de l'esprit et des techniques du vitrail. Le collage, fait de recouvrements successifs d'écriture au stylo et de biffures aux feutres de couleurs, ne supportait pas un traitement classique au plomb.


Après bien des recherches et des contretemps, nous avons rencontré Cathy van Hollebeke, maître-verrier, qui a relevé le défi en faisant d'abord faire un travail d'infographie pour « lire » les inscriptions écrites et les biffures noires, qu'elle a fait reproduire sur le verre de fond en sérigraphie. Il lui restait à interpréter les tracés de couleurs en découpes de verre, qu'elle a collées par-dessus. Magnifique travail de traduction, qui reprend le geste même de l'artiste puisque, comme lui, la verrière a opéré des superpositions successives, y ajoutant la beauté des transparences propres à l'art du vitrail.


   

Daniel Ledemé, Michel Tricot, Cathy van Hollebeke

lors de la pose du vitrail

 


L'inauguration

 

Le dimanche 16 mai 2010, le village de Saint-Rigomer était à la fête et l'artiste du lieu était à l'honneur. On inaugurait un vitrail et une rue, portant l'un et l'autre le nom de Gaston Floquet.


Le vitrail, il en avait rêvé pour cette église sans que la vie lui laisse le temps de le réaliser. L'Association des Amis de Gaston Floquet et deux municipalités successives ont repris le projet et réussi à faire traduire en verre et en lumière ce rêve de l'artiste, qui maintenant illumine la baie nord de la petite église.


Un concert... et davantage, célébrait l'événement dans l'église comble. Grégory Ballesteros, jeune et brillant pianiste, accompagnait Alain Buet, baryton de prestigieuse renommée, qui venait en ami puisqu'il a connu et aimé Gaston et son univers. Ils firent alterner chants et lectures choisis tout exprès.

 

 

La base du vitrail est un petit collage portant en filigrane des écritures de Floquet qui notait son quotidien sur de modestes bouts de papier récupérés et s'en servait ensuite de matériau. Ces « Carnets Intimes », Alain Buet en a lu de courts extraits... qui d'un coup prenaient une dimension nouvelle, côtoyant des écrits de Jacques Prévert, Jules Renard, Goethe, François Cheng et aussi Jean-François Hémery, en alternance avec des morceaux chantés qui tous faisaient écho au monde de l'artiste.


Musique, voix, littérature, couleur et lumière se répondaient, offertes comme un cadeau.

Dehors, une plaque fut dévoilée, nommant « rue Gaston Floquet » celle qui mène de l'église à la petite maison de Gaston, en passant devant le cimetière où il repose. « Je crois qu'il aurait été content », disait quelqu'un qui l'a bien connu. Contents et fiers, nous l'étions nous aussi !





Le livret


Pour en savoir davantage sur le vitrail, œuvre d'art à part entière réalisée par Cathy van Hollebeke, maître-verrier, on peut se reporter au livret
« Que la lumière soit ! »
édité par l'association des amis de Gaston Floquet, en vente au Passage à Alençon et auprès de l'association. (5 €)




Article de Cap Espérance (avril 2012)